Flandres, Catalogne, Bavière, Écosse, Padanie, poussée de fièvre #NewEuropeanStates #eu #usa #politics

Comme nous en avons déjà avancé l'argument dans le passé, il y a une
leçon à apprendre pour la zone euro, de tous les mouvements semi- ou
complètement séparatistes de toute l'Europe. Essayer d'imposer un
contrôle central sur une structure qui est de façon inhérente
régionalisée, est extrêmement difficile, et essayer d'imposer une
identité d'en haut vers le bas reste toujours un défi aussi grand.
Dans le même temps, si une région choisissait de quitter un pays de
l'UE, elle pourrait, après négociations, être absorbée par la
structure européenne, ce qui aurait, à son tour un effet stabilisant
sur les événements politiques tumultueux qui en résulteraient.

Ainsi, les mouvements séparatistes dans toute l'Europe montrent
simultanément, à la fois la faiblesse et la force du projet européen.
Cependant, ce qui est clair, c'est que l'austérité qui balaye l'Europe
(austérité douteuse, alors que les dépenses publiques continuent
partout d'augmenter inexorablement, NDLR) crée des tensions non
seulement entre les capitales nationales et Bruxelles, mais encore
entre les capitales nationales et les régions. Juste au cas où vous
pensiez que la zone euro était au bord de se mettre d'accord sur une
union de redistribution...

Belgique

Les Flamands sont aussi malheureux que jamais de leur union de
redistribution intérieure et, le week-end dernier, les élections
communales ont vu le parti nationaliste flamand modéré NVA obtenir des
gains substantiels, utilisant les 16 milliards d'euros que la Flandre
envoie chaque année à la région francophone comme tremplin politique.
Un de ses chefs a déclaré au quotidien belge De Morgen que les
objections de la NVA au "gouvernement taxeur de gauche de Di Rupo
[Elio, premier ministre de la Belgique], ne sont pas très différentes
des critiques d'autres pays sur les mécanismes de solidarité [de la
zone euro] qui gardent Grecs et Espagnols à flot".

Espagne

En Espagne, le mouvement indépendantiste catalan monte d'un cran en
chevauchant sur les mesures d'austérité imposées par Madrid (et
Bruxelles). En septembre, un rassemblement pro-indépendance à
Barcelone a réuni entre 600.000 et un million et demi de personnes,
selon qu'on demande à la police nationale ou catalane. Le gouvernement
catalan a déclaré qu'il voulait tenir un référendum sur
l'indépendance, avec une majorité de Catalans en faveur, d'après
certains sondages. Une motion autorisant un tel référendum a été
refusée par la chambre basse espagnole et pourrait déclencher une
crise constitutionnelle, si le premier ministre catalan Artur Mas fait
avancer son plan en dépit de ce revers. Le premier ministre espagnol
Mariano Rajoy a déclaré que tenir un référendum sans l'assentiment du
gouvernement central violerait la constitution espagnole.

Italie

La Ligue du Nord appelle depuis un certain temps à la séparation du
reste du pays, des régions du Nord de l'Italie. Il est possible que la
principale différence entre le cas italien et les autres est le fait
que l'entité géographique évoquée par "Lega Nord" (la soi-disant
Padanie qui comprend toutes les régions au Nord du Po), n'a jamais
existé en tant qu'État indépendant. De plus, la Lega Nord a
habituellement été plus ou moins agressive dans ses réclamations
pro-indépendance, selon que le parti se trouve au gouvernement ou dans
l'opposition. Néanmoins, de nombreux Italiens du Nord ont le sentiment
qu'une trop grosse partie des impôts qu'ils payent est ensuite
utilisée pour financer les régions "dysfonctionnelles" du Sud.
Potentiellement quelque chose à garder à l'œil, surtout si la Lega
Nord (comme il semble probable pour le moment) reste dans l'opposition
après les élections de l'an prochain.

Allemagne

Quand bien même il n'est pas question d'une Bavière indépendante pour
le moment, en juin le gouvernement régional a annoncé qu'il allait
déposer plainte devant la Cour constitutionnelle allemande contre le
système allemand des "paiements d'égalisation" entre les États
fédéraux allemands les plus riches et les plus pauvres. La Bavière est
le principal contributeur net à ce système, avec 7,3 milliards
d'euros, partageant le fardeau avec trois autres États, la Hesse, le
Bade-Wurtemberg, et Hambourg. La rhétorique des politiciens bavarois
sur la crise de la zone euro a aussi été nettement plus dure que celle
des autres politiciens allemands, comme nous l'avons noté ici.
Entretemps, un récent sondage de Bild a montré que 46% des Allemands
étaient contre la partie de l'impôt sur le revenu levée pour la
solidarité Ouest-Est, contre 42% qui étaient pour.

Royaume-Uni

En Écosse, le parti national écossais a gagné sa bataille pour un
référendum, avec une question unique oui/non sur l'indépendance, qui
doit avoir lieu en 2014. Les perspectives que l'Écosse devienne
indépendante ont cependant, par contraste avec d'autres régions, été
endommagées par la crise de l'euro, des comparaisons favorables avec
l'Irlande et l'Islande s'étant retournées en exemples des problèmes
que les petites économies rencontrent avec les industries géantes des
services financiers. D'autres questions qui commencent à se poser sont
de savoir si l'Écosse utilisera l'euro (popularité en baisse) ou
retiendra la livre sterling, si elle restera dans l'UE ou si elle aura
des contrôles aux frontières. Certains ont aussi noté, jusqu'au sein
de la commission européenne, que l'Écosse devrait négocier de zéro son
appartenance à l'UE, au lieu d'opter par défaut sur la base de
l'accession du Royaume-Uni en 1973.

Pendant ce temps à Bruxelles...

Le président du conseil Herman Van Rompuy a présenté un rapport qui
appelle à un "Trésor" central de la zone euro, avec un budget partagé
et des eurobonds, très proche d'une UE de la redistribution en bonne
et due forme. À Bruxelles, la logique semble être que deux négatifs
font un positif.

http://www.contrepoints.org/2012/10/22/101588-flandres-catalogne-ecosse-padanie-poussee-de-fievre

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