'Quand la Catalogne veut son propre Etat' #eu #politics #news #usa

Par Jessica Berthereau

Il y aura un avant et un après. Porté par le succès de la marche
indépendantiste de mardi, le président de la Generalitat de Catalogne
a présenté comme inéluctable, hier, la mise en place d'un Etat pour la
« nation » catalane. C'est symboliquement dans la capitale espagnole
que le chef du gouvernement catalan, Artur Mas, a pris acte du divorce
entre l'Espagne et la Catalogne : « Il y a une fatigue mutuelle entre
la Catalogne et l'Espagne, similaire à celle entre l'Europe du Nord et
l'Europe du Sud. Pendant des décennies, notre objectif a été de
transformer l'Etat pour que nous puissions le considérer comme le
nôtre. Si ceci n'est pas possible, la Catalogne a besoin d'un Etat. »

Le président de la Generalitat s'appuie sur un « mandat du peuple »,
une « clameur populaire » à laquelle il « s'identifie ». Deux jours
auparavant, la « Diada » (le jour de la Catalogne) a été le théâtre
d'une marche indépendantiste d'une ampleur inégalée. Quelque 600.000
personnes selon le gouvernement central ont défilé en scandant : « La
Catalogne, un nouvel Etat d'Europe. » « Ce serait une erreur
gravissime que de minimiser ce qui est en train de se passer », a
prévenu Artur Mas, soulignant que la manifestation avait réuni un
cinquième de la population catalane (1,5 million). « Il y a une
méthode très pratique de savoir si un territoire est une nation : la
consultation. »

Le sentiment indépendantiste progresse à grand pas dans la société
catalane. Selon l'officiel Centre d'études d'opinion, une majorité de
Catalans se disent indépendantistes (51,1 %), contre seulement un
tiers il y a dix ans. L'indépendantisme s'alimente notamment d'un
sentiment d'injustice : selon la Generalitat, la Catalogne, véritable
locomotrice exportatrice et touristique pour l'Espagne, « perd »
chaque année 16 milliards d'euros (8 % de son PIB) à cause du système
de financement des régions. La Generalitat demande donc un « pacte
fiscal », c'est-à-dire la capacité de lever les impôts sur son
territoire et d'en disposer comme bon lui semble.

Pour l'instant, Artur Mas a reçu une fin de non-recevoir du chef du
gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, qu'il doit rencontrer jeudi
prochain : « En ce moment en Espagne, nous n'avons pas besoin de
vacarme, nous avons besoin d'union et de collaboration. » A la fin
août, la région autonome, endettée à hauteur de 42 milliards d'euros,
a demandé à l'Etat central une aide de 5 milliards pour faire face à
ses échéances. Hier, après Standard & Poor's, l'agence de notation
financière Fitch a fait savoir qu'elle envisageait de placer sa dette
en catégorie spéculative.

http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0202265674654-quand-la-catalogne-veut-son-propre-etat-361986.php

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